Premiers tours
Premier match contre un Danois. 0-2. Videau à 2, je rends à 4, il me rend tôt à 8, je ne passe pas, je redouble à 16, il doit prendre : 16-2 en 17 points, 16-3, 17-3, le match est bouclé en 30 minutes. Deuxième tour contre le Hollandais tatoué : le match opposé : 3 heures de jeu, environ 20 parties, je mène une seule fois dans ce match mais très judicieusement 17-15 quand tout est fini. Qualifié pour le lendemain. Un Italien me barre le chemin des 32 derniers, le monde est injuste : 14-19. Dur de perdre. Ion Ressu qui a perdu en 19 points après avoir mené 13 à 4 accuse la climatisation mal dirigée, les spectateurs d’un autre match trop proches, la table que les organisateurs refusaient de déplacer. Il en est si déstabilisé que sans se rendre compte il nous parle pendant plus d’une minute… en roumain.
Première consolation le même soir : je perds 9-11 contre Robertson, un Canadien de Toronto malgré tous les efforts qu’il déploie pour me faire gagner. Pendant une pause, j’emporte évidemment mon sac et les dés aux toilettes. Dans cette jungle j’évite de laisser ne serait-ce que cinq centimes sur la table. Il dépose 30 secondes ses lunettes de soleil à côté du board. Le temps de regarder ailleurs, elles avaient disparu. Quand je reviens il tourne comme une hélice à leur recherche. C’est là que quelque chose de tout à fait inimaginable s’est produit : il a fini par les retrouver, quelqu’un les avait rapportées au desk !
Le lendemain, la deuxième consolation progressive équivaut pour nous, les vaincus, à un tableau de plus de 1000 joueurs. Moralité : au jeu on enfonce les perdants qui n’avaient qu’à gagner ! On décide de jouer le premier tour en 5 points que je gagne 5-4 contre Ion Ressu après un match déconseillé aux cardiaques, puis 9-1 contre un Italien. Troisième tour contre Bennett, un papi américain du Nouveau Mexique qui n’avait de neuf que son dentier. Il a de la peine même à lancer les dés, ce qui ne l’empêche pas de mettre fin à mes ambitions en m’infligeant une défaite 9 à 7.