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29 juillet 2009

Un « génie »

Les cheveux frisés, un regard allumé, il n’est pas très grand mais il occupe pourtant toute la salle. Il ne s’arrête jamais ni de parler, ni de bouger dans tous les sens. C’est contre lui que je joue le match décisif de notre poule du World Team Championship. Fier d’être iranien, il défend les couleurs de la Norvège !! C’est paraît-il là qu’il habite ou qu’il a une grand-mère ou qu’il connaît quelqu’un dont le frère a épousé une Norvégienne, allez savoir. Quand on devrait commencer à 1 heure du matin, il est en train de jouer un autre match avec Didier Assaraf. Palabres, discussions, coup de gueule.
-          Je joue en simultané les deux matches .
Didier n’est pas d’accord.
-          Mais ça ne va pas, t’es malade, on finit ce match.2009_Cannes_001
-          Si, si pourquoi pas ?
Les matches se jouent avec une pendule. Je pense que ça le désavantagerait bien plus que nous. Sous la pression il finit par interrompre le match commencé pour venir jouer le match programmé.
Dès le début, il se trémousse, se lève, se félicite quand un coup marche bien :
-          Je suis un génie.
Je le remets à sa place quand il bouge les pièces dans tous les sens ou ne me laisse pas le temps de finir un coup. Il note en se pensant spirituel « Follow the rules ! » sur un bout de papier
-          Sinon j’oublie tout le temps, précise-t-il.
Quelques spectateurs se rapprochent. Son partenaire Jon Kristian Røyset, ancien champion du monde, assiste impuissant à sa prestation : il ne voit pas des coups, se trompe, laisse des shots inutiles. Røyset ne supporte plus et s’éloigne. On arrive à 5-5, double match point (DMP). La chance est de mon côté. Après mon dernier coup victorieux, je m’exclame à sa manière :
-          Dieu existe.
-          Pourquoi tu dis ça ?
-          Parce que j’ai gagné.
Ça l’a un peu éteint, il s’agite plus qu’un être normal mais moins qu’avant. J’ajoute :
-          Mais peut-être qu’IL n’en a rien à faire de nos parties…
A passées trois heures du matin, le pauvre Didier peut enfin continuer son match.
Le lendemain à 14 heures on est mené 4-0 en sept points dans chacun de nos deux matches contre les « french ladies ». On gagne les deux à DMP. Premiers de notre poule, on est qualifié pour les quarts de finales.
-          Quand joue-t-on notre prochain match contre la Suède ?
-          On verra.
Ion s’énerve, veut rentrer à l’hôtel. Il me charge de demander. De la part des organisateurs, je n’obtiens que des réponses du type « Il faut demander à Marco » ou « C’est Andy qui organise ». Je les consulte les uns après les autres :
-          Quand ils auront fini les deux premiers tours.
-          Pas avant le souper alors ?
-          Ça dépend.
Ion revient à vingt-trois heures. Finalement, après dix heures d’attente, on joue à une heure du matin. A trois heures on est éliminés.
Le lendemain, en regardant le tirage, je m’aperçois qu’aucune des six autres équipes n’a encore joué ! Les organisateurs font un peu moins bien que les Pieds Nickelés. Les deux tournois étaient programmés en même temps avec les mêmes joueurs, « ils n’ont pas ajouté de l’argent, comme le dit Mario Sequeira, ils en ont enlevé » : le premier prix du Last chance est une entrée à 10000 euros pour la phase finale, mais il n’y aura probablement pas plus d’argent en jeu pour autant. Le tirage au sort auquel personne n’a rien compris a été fait depuis… Londres. Rien n’a avancé pendant deux jours puis les doubles et le tournoi ont démarré pratiquement en même temps. Les matches ont commencé avec près de trois heures de retard. Un  système de deuxième chance devait laisser la possibilité aux perdants de rentrer dans le tableau principal mais… cinq personnes se sont retrouvées en demi-finale ! Ion et moi, regrettions de moins en moins de nous être contentés du World Team Championship.

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