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26 décembre 2011

Rituels : le séjour

Le montant des inscriptions à la partie de poker du vendredi et aux tournois de backgammon du week-end était si2011 modeste qu’en sortant dans les prix, on se rembourserait à peine les nuits d’hôtel. Mais le plaisir de jouer avec des passionnés était bien là. Eux aussi, dès ce vendredi soir étaient à la Waadländerstube. Toujours les mêmes : les trois Daniel, Nils de Saint-Gall, Marcel, Claus, de Freiburg en Allemagne, Silvio, Antonio de Turin, Olivier et Roland. Reto n’était pas encore arrivé et il n’y avait pas de femme, Denise étant restée à Zurich ; même le samedi elle ne vînt pas, un mystère. Depuis qu’elle a un chien et un ami, elle est  en train de changer ses habitudes. Dans l’arrière-salle du bistrot, la moquette grisâtre rugueuse était encore un peu plus élimée. Ça sentait la fumée et la friture comme si l’on n’avait pas aéré depuis l’année dernière. Je ressentais les mêmes désagréments, je retrouvais mes marques. Au moins cinq personnes étaient en train de fumer quand Antonio me demanda gentiment si ça me dérangeait qu’il allume une cigarette.

De retour à l’hôtel, je pris un morceau de chocolat. L’année prochaine, c’est décidé, j’achèterai celui aux noisettes. Je me suis endormi à trois heures, après confirmation, une heure durant, qu’il n’y avait rien de passionnant à la télévision. Je me suis levé à dix heures, juste dans les temps pour le petit déjeuner. Depuis cette année, il était servi dans la salle du bas, mais ce changement restait minime.

2011En fin de matinée, j’ai retrouvé les boutiques de Thoune comme je les avais quittées il y a un an. Il fait juste un peu plus doux. Le picotement du froid mordant des autres années me manquait un peu. Le tournoi avait lieu fin novembre, une semaine plus tôt que d’habitude. Les décorations de Noël n’étaient pas encore toutes en place et les magasins resteraient fermés dimanche : je me sentais un peu spolié. J’étais trop tôt pour les soldes. J’achetai, comme chaque fois, un ou deux cadeaux et deux cols roulés.

A deux heures, le tournoi de backgammon allait commencer. L’organisateur, Daniel Scheidiger, avait abandonné sa beedi et venait de terminer le tirage au sort. Quelques-uns ont rigolé du bon tour que le sort a joué à René qui devrait m’affronter. Il maniait précautionneusement les pièces puis s’enquit de mon opinion pour savoir si, malgré la défaite, il n’avait pas commis de trop grosses erreurs. Ici, je bénéficie du confort d’être respecté comme joueur. Je suis souvent le seul Romand et tout le monde est aimable. Je me suis qualifié pour la demi-finale. En début de soirée, les röstis à la zurichoise n’avaient d’égal que ceux que j’avais savourés ici même l’année dernière. Comme d’habitude, Michaël, une espèce d’homme-machine jouant tous les coups au même rythme, sans marquer aucune émotion, m’éjecta du tournoi après le souper. Je me couchai plus tôt que la veille.

P1020015Le dimanche matin, le traditionnel brunch avait lieu dans la salle du restaurant de l’hôtel Emmental. La tresse maison brillait à côté des confitures variées, des œufs brouillés, des röstis, des fromages, du lard et des saucisses. Le café fumait, le bircher était parfait, le pain croustillant, et il y avait même une poubelle de table.

En fin d’après-midi, le directeur du tournoi félicita les premiers vainqueurs qui posèrent fièrement avec leur trophée, l’assistance le remercia pour son organisation sans faille, tous se promirent de revenir l’année prochaine et on se rua sur le traditionnel apéritif du patron : vin blanc, jus d’orange, eau minérale, mini rouleaux de printemps, poulet frit, canapés, cornes du diable aux piments rouges, tacos et cacahouètes.

Je perdis suffisamment vite mes matches pour espérer attraper le train de vingt heures. Par acquis de2011 conscience, je me suis enquis du chemin le plus court pour la gare. Il n’avait pas non plus changé : juste en face, il fallait toujours traverser les deux ponts au-dessus de l’Aar puis continuer tout droit jusqu’à la gare. J’ai quitté suffisamment tôt la Waadländerstube pour avoir le temps de revenir y récupérer précipitamment le sac oublié, au même endroit que d’habitude, sous la quatrième patère au fond du vestiaire. J’ai hâte d’être à l’année prochaine : tout recommencera. 

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