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13 avril 2015

Partie 2 : Aller-retour au Premium Outlet

Le Premium Outlet, environ cinq cents boutiques de marques à prix discount au nord de Las Vegas, offre une occasion en or de renouveler sa garde-robe.

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Le chauffeur de taxi qui m’y conduisait s’exprimait dans un anglais chaotique. A l’arrivée, je sortis un billet de cent dollars pour payer la course.

L’air contrarié, il fouilla dans une mallette et en extirpa quatre billets de vingt.

-    Vous avez de la chance, me dit-il d’un ton rude.

-    C’est vous qui avez de la chance.

Il ébaucha un vague mouvement de la tête qui pouvait passer pour un acquiescement. Je lui demandai :

-    Vous venez d’où ?

-    De Cuba.

-    Ah, c’est pas facile d’émigrer Cuba aux Etats-Unis !

-    Oui, mais pour moi ça allait, j’ai épousé une femme suisse.

On parla de Winterthur, de Zurich, et on se quitta en potes pour la vie, au moins le temps que l’originale pensée « le monde est petit » me traversa l’esprit.

Le taximan du retour avait une veste à damiers noirs et blancs, style pilote de formule 1. C’était un Vietnamien avec de grosses lunettes, couché sur son volant, les yeux à quelques centimètres du pare-brise. Je demandai « Palazzo ».

-    Ok Bellagio.

-    Non, Palazzo.

Il démarra, scrutant la route en donnant l’impression de n’en apercevoir que des contours flous.

-    Palazzo ou Bellagio ?

En parlant, il se retournait pour voir son passager. Je dis très vite :

-    Palazzo.

-    Ah, Palazzo, lâcha-t-il peu convaincant.

-    Oui, Palazzo, à côté du Venetian.

-    Ah, bon, pas à Fremont Street, au Sud.

Tout en roulant, il avait pivoté le regard de trois quarts.

-    Ah, OK, Palazzo, sur le Strip.

Coup d’œil dans ma direction en traversant un carrefour.

-    Oui, oui.

On roulait sur un bout droit. Il en profita pour continuer ses explications face à son client : on est poli ou on ne l’est pas. 

-    Bien, parce que, vous comprenez, mon job, c’est d’amener les gens d’un point A à un point B. Si ce n’est pas le bon endroit, ils ne sont pas contents.

Je l’assurai que je comprenais. Il apprécia et rapprocha son nez du volant.

On suivait la voie de droite. En vue du Palazzo, on ne roulait pas très vite mais il y avait quatre files à couper avant de tourner à gauche pour rejoindre l’entrée de l’hôtel. Il entama la manœuvre en se retournant.

-    Palazzo, dit-il content de lui.

Je lui répondis très vite avec un grand sourire.

-    Oui, oui.

Les voitures à gauche, à droite, devant et derrière ralentissaient, il passa comme s’il était seul, dans le style du magicobus d’Harry Potter. J’appris avant l’arrêt complet, qu’il était cambodgien, aux Etats-Unis depuis l’âge de dix-huit ans. Il était tout content que je connaisse le nom de pays comme la Thaïlande, le Laos, la Birmanie. Je payais et il démarra en me jetant un dernier regard.

Puisse le Bouddha cambodgien continuer à veiller sur lui.

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