Juillet au Québec II

Vendredi 17

Départ de Montréal.

Départ pour la descente du Saint-Laurent jusqu’aux îles de la Madeleine. Les parois de tôle rouillée bordant le Vieux port de Montréal défilent sur la rive Nord du Saint-Laurent. Hangars, usines désaffectées, puis la façade de briques rouges des entrepôts des bières Molson. Des containers semblent avoir été oubliés au hasard sur les quais. Depuis le pont, on regarde Montréal s’éloigner. Des pneus pendouillent le long des digues pour empêcher les coques de taper contre le béton. Au loin la tour du Stade Olympique paraît proche. Sur la rive sud, les montagnes russes géantes du parc La Ronde vont bientôt disparaître. Lentement, le bateau passe sous les pylônes métalliques du pont Jacques-Cartier.

Il y a deux heures, se frayant un passage parmi le désordre organisé du port, un bus scolaire nous a déposé au pied du paquebot de la CTMA. Des salons partout. Attractions, Bernard et Huguette, pardon Donald et Odette, animent les soirées, salle de fitness, bars, wifi. A nous trois, on fait baisser de plusieurs années la moyenne d’âge. La croisière s’amuse. Dans notre cabine, la salle de bain est si petite que pour tenir debout dans la douche on doit se contorsionner pour éviter de poser un pied dans les toilettes. Le côté pratique, c’est qu’il est possible de faire deux choses en même temps.  

Samedi 18 dimanche 19

Sur le bateau

Bibliothèque et fauteuils de velours brun au bar du pont numéro huit. Comme nous, les quatre cents passagers prennent leurs marques, commencent à faire connaissance. Deux couples québécois jasent à la table à côté.
« Pis elle avait tout un accent. Lo, Eye a pas eu une enfance facile. Elle est-tu un peu décédée à c’te heure. Y s’est ben occupé d’elle, y mérite. L’ophtalmologiste m’a faite des scans. »

Les îles sont mille deux cents kilomètres à l’est. Pour simplifier les problèmes horaires, on vit une heure en avance, à l’heure des îles, sur le bateau. Problème : le premier matin, Olivia a oublié qu’elle avait déjà avancé sa montre et ajoute une heure supplémentaire. Elle nous réveille tous une heure trop tôt.
-   Désolée. Alors je vais regarder mon portable, c’est plus simple.

Le dimanche matin, son portable s’est automatiquement réglé sur l’heure des Îles. Olivia ajoute mentalement une heure et veille à ce que l’on ne soit pas trop tard pour le petit déjeuner :
-    Dis-donc, c’est 8h30 ! Faut se lever.

Je sursaute et j’émerge péniblement de mes rêves. Dans un demi-sommeil, je tente de rassembler mes esprits et regarde mon portable.

-    Mais, c’est 7h30 !

-    Mais non, le téléphone indique 7h30.

-    Ben oui, justement. C’est l’heure qu’il est.