Chroniques persanes XX : Arrivée à Téhéran

Sur la route Ispahan – Téhéran, un relais routier ultra moderne sert de vitrine à ceux qui arrivent par l’autoroute dans la capitale. Escaliers roulants, ascenseur, sol à la propreté impeccable, cafés et boutiques de luxe où des familles et des femmes voilées déambulent comme dans un aéroport surdimensionné. Le contraste est saisissant avec les relais autoroutiers crasseux et vétustes des hauts-plateaux. Un peu plus loin sur la route, on passe devant le mausolée de Khomeiny au toit en feuilles d’or. Les immenses parkings sont quasiment déserts. La majorité du groupe attend dans la voiture pendant la visite du monument à la gloire du dictateur défunt.

À l’ouest de la ville, la tour Azâdi, qui signifie liberté, a été conçue par Hossein Amanat, étudiant de vingt-et-un ans qui, en 1970, avait remporté le concours d’architecture. Il a réussi le tour de force de marier harmonieusement architecture traditionnelle et moderne. Selon l’angle duquel on observe le monument blanc de 45 mètres de haut, on distingue sa voûte comme arrondie ou au contraire, plus élancée, en ogive. Avec l’arrivée de Khomeiny, Amanat, a quitté l’Iran et sa tour est demeurée, majestueuse au centre d’un giratoire arborisé. Il a construit le quartier blanc à Haïfa, et a été mandaté aux États-Unis, en Australie et dans le monde entier.

Chaque déplacement à Téhéran prend près de deux heures. Les véhicules se tamponnent presque et frôlent les piétons sans klaxonner pour autant. Les Iraniens traversent les routes sans modifier leur rythme et les voitures, camionnettes, scooters, motos, camions les évitent en général. La circulation est une cacophonie d’où la majorité de la douzaine de millions d’habitants s’en sort indemne, mais pas tous, on a vu quelques accidents. Notre chauffeur Hamed emploie une technique bien à lui lorsque nous nous baladons à pied : il se précipite bras écartés en travers de la route, taureau barrant le passage aux voitures, pour nous permettre de traverser.