Skopje III : Ceintures et ascenseurs

      Dans l’enceinte extérieure du bazar, des boutiques proposent des chaussures, des sacs Chanel et Gucci, des montres Omega et Rolex si bon marché que rien n’a besoin d’être sous clé.

Des ceintures sont suspendues à un présentoir.

-    Celles d’à côté, nous explique en anglais le vendeur, un jeune gars en blouse blanche, ce sont des ceintures en cuir véritables, hyper luxe. Elles sont chères, mais solides.

On regarde donc celles d’à côté. J’en décroche une. Le prix se monte à une dizaine de francs.

-    Je peux l’ajuster sans problème, précise-t-il.

À une table d’atelier, il dévisse la boucle, coupe un bout de la ceinture, revisse, la rapporte avec un grand sourire.

Elle est encore trop longue. Il repart et recommence.

Pas de chance, cette fois il en a trop enlevé.

-    Ça ne fait rien, choisissez-en une autre.

Il reprend ciseaux et tournevis. De nouveau un peu juste.

Il tient à fournir un service parfait. Il en décroche une troisième. Je ne veux pas lui faire découper tout son stock. À son retour, je lui dis OK en saisissant la ceinture qu’il me tend. Il insiste pour que je vérifie. Tout va bien, ouf !

Je choisis encore une babiole et une pince à ongles. 
-    Je vous l’offre. 

      Le championnat du monde de Backgammon a lieu dans un luxueux hôtel du centre. Les ascenseurs fonctionnent selon leur logique propre. On n’a pas décelé de lien entre la commande et les arrêts. Parfois l’ascenseur poursuit son chemin avec un petit clignement moqueur au passage, parfois l’un d’eux s’arrête. S’il a daigné nous embarquer, on a la surprise de monter ou de descendre selon son humeur du moment. De quoi pimenter un peu son quotidien, car une vie d’ascenseur doit être bien monotone.