Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chroniques
Newsletter
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Chroniques
Visiteurs
Depuis la création 18 900
10 juin 2012

Nice : Visite guidée

A quinze heures, devant la fontaine romaine de la place Masséna, notre guide était là, soulagée de nous voir arriver.2012 Nice (34) Elle a démarré sur un historique de la ville, les Grecs, les Romains, Louis XIV, les Anglais. Elle parlait d’une voix douce, juste audible.
— Nice est une ville qui, avec ses maisons rouges, jaunes, ses arcades, comme la ville de Trieste, ressemble aux villes italiennes. Mais, et la guide insistait, Nice n’a jamais appartenu à l’Italie. D’ailleurs l’Italie n’existait même pas, Nice faisait partie des possessions des ducs de Savoie.

Les élèves ricanaient un peu dans leur coin, se taquinaient à voix basse ou lorgnaient les passants. Quelques-uns écoutaient d’une oreille.
— Vous croyez que ça les intéresse ?
Je jetai un coup d’œil aux élèves qui regardaient en l’air.
— C’est bien qu’ils aient une idée de l’endroit où l’on est.
La dame s’est tournée vers le groupe le plus proche pour essayer de titiller leur curiosité :
— Savez-vous quel produit a fait la renommée de Nice ?
Devant l’absence de réaction, elle a tenté de relancer leur réflexion :
— Mais, qu’est-ce que les gens recherchent ?
De-ci de- là, des propositions ont été émises :
— De l’or ?
— Des diamants ?
— Des pierres précieuses ?
— Mais non, regardez autour de vous.
— L’architecture ?
— L’argent ?
La guide paraissait un peu débordée.
— On ne va pas faire tout le dictionnaire !
D’une grosse voix qui pouvait s’entendre à trois cents mètres jusque de l’autre côté de la place, Tristan a contribué à abaisser le niveau du débat en lançant :
— La salade niçoise !
Le regard que lui a jeté notre guide indiquait clairement qu’il faisait fausse route.
— Non, pas du tout ! d’ailleurs celle que l’on trouve aujourd’hui est adaptée, elle ne ressemble plus à la salade d’origine.
Un élève a suggéré :
— Un métal ?
— Oui. Regardez les statues.
— Ce qu’il y a dans le bronze ?
Notre guide avait retrouvé le sourire.
— Ouiiii. C’est cela. De l’étain. La région est célèbre pour son étain.
Petit à petit, ce sont les élèves qui se sont éteints. La guide s’est tournée de mon côté.
— Où voulez-vous aller ?
— Je ne connais pas Nice. Je vous laisse choisir.
— On pourrait passer par la vieille ville puis monter un bout sur la colline du château ?
— Oui, très bien.
On a entamé la balade en direction de la colline.
— Vous croyez que ça va les intéresser ?
Il ne demeurait du château que quelques ruines : une petite partie des fondations. Tout le site avait été rasé par l’armée de Louis XIV. C’est ce que la guide était en train de souligner lorsque mon attention fut attirée par un groupe de garçons lancés dans un débat passionné.2012 Nice (43)
— Tu l’as vu ?
— Ouais, c’est dingue.
Je peinais à comprendre l’engouement suscité par quelques vieilles pierres. Je tendis l’oreille.
— C’est sur le trois de la saison deux.
— Mais non, c’est dans le deux de la saison quatre.
Ma perplexité s’était dissipée, la Terre continuait de tourner.
On passait sous un portique de pierre dominé par un lampadaire. Deux demoiselles paraissaient troublées.
— Le lampadaire, il sert à quoi ?
— Peut-être la nuit quand il est allumé.
Un peu plus loin, Sophie, qui ne s’arrête de parler que dans son sommeil, était en discussion avec ma collègue.
— Madame, l’hôtel où on loge, il paraît qu’il est pour les homosexuels.
— Ah bon, qu’est-ce qui te fait dire ça ?
— Il est euh… gay.
J’intervins.
— Gay friendly, c’est possible.
— Ben alors, c’est bizarre.
— Ça veut juste dire que les homosexuels sont bienvenus.
— Vous voyez que c’est pour les homosexuels !2012 Nice (46)
— Tout le monde peut y venir. Ce n’est pas parce qu’un hôtel est dog friendly que c’est un chenil.
En haut il y avait une jolie cascade devant laquelle des couples et la classe se firent photographier. La vue s’offrait, magnifique, derrière un magasin de souvenirs où l’on vendait, pour sept euros, des petits verres sur lesquels était gravée une image de la promenade des Anglais, barrée du mot NICE, pour ceux qui la situerait ailleurs.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité