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23 juin 2022

Chroniques persanes IV : Escale

 

tempImagegACLYvOn transite par Istanbul où le nouvel aéroport pharaonique a été conçu pour devenir le plus grand du monde. Des kilomètres et des kilomètres de bitume ont remplacé les forêts au nord de la ville. L’avion roule pendant une quinzaine de minutes avant de s’immobiliser devant un des terminaux de cet aéroport hypertrophié. À l’intérieur, on se croirait à Las Vegas dans un hôtel qui occuperait la moitié du Strip. Des boutiques de luxe, des lumières, des colonnades en marbre, des restaurants, des agences de change, des duty-free se succèdent allées après allées, coiffés d’une coupole de métal et de béton sur des hectares sans fin. 

Les deux heures d’escale seront juste suffisantes pour parvenir à la porte F9B d’où décollera notre vol pour Chiraz. Au détour d’un passage, on débouche devant d’autres rangées de restaurants dans de nouveaux couloirs reliant les cent vingt portes d’embarquement du terminal. On a perdu Philippe. On va le retrouver, attablé à l’un des bistrots, savourant une bouteille de rouge et les dernières minutes avant le grand plongeon dans l’inconnu : l’abstinence et l’Iran.

À la porte d’embarquement, on opère la jonction avec les Suisses alémaniques. Coopération nationale qui a permis au voyage de se concrétiser, malgré un nombre d’inscriptions limité des deux côtés du rideau de rœstis. Une opération win - win comme dirait un Suisse romand s’adressant à un Suisse alémanique dans une langue commune.

tempImagelIfqFLOn se serre la main. Derrière un masque anti-covid, une grande femme dissimulée sous des couches de tissus noirs, nous effleure à peine le coude. On est tous vaccinés et testés négatif de la veille, mais Andrea panique à l’idée de contracter le Covid. Elle a de longs cheveux châtains bien arrangés, elle est coiffeuse à Zurich. Elle a même habité Lausanne, en fait Crissier, dans une rue à côté de chez moi. Comme quoi à 3000 kilomètres de chez soi, on fait parfois la connaissance de ses voisines. Elle parle un peu toutes les langues, du portugais au français en passant par l’allemand, l’anglais, l’italien, et quelques notions de russe et de japonais. Elle m’apparait austère en noir avec ses coudes croisés sur la poitrine pour dire bonjour, mais après quelques heures elle souriait, puis riait comme une adolescente en voyage. Deux jours plus tard, ses angoisses covidiennes s’étaient envolées : on goûtait le thé dans la même tasse. Les seules séquelles furent des tendons enflammés, mais je n’y décelai pas de lien de causalité.

-    Tu devrais voir le professeur Crevoisier, il m’a opéré des deux tendons, impeccable, me conseillera Philippe.

Je le remerciai, mais comme je le voyais boîter chaque jour un peu plus, je décidai de plutôt continuer à prendre des anti-inflammatoires.

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