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3 juillet 2022

Chroniques persanes VII : Premières impressions

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Premier matin du premier jour. À neuf heures pile, nous sommes tous réunis devant le bouquet d’orchidées au pied de l’ascenseur de l’hôtel, presque au garde-à-vous pour les premières visites. La veille, Catherine, « l’étrangère », la Parisienne du groupe avait demandé si l’heure du rendez-vous était vraiment précise ou approximative. L’ex-colonel David avait passé en revue la modeste troupe que nous représentions et il avait énoncé avec son accent suisse allemand :

-    Cinq minutes afant, c’est en avance, deux minutes afant, c’est à l’heure, à l’heure prévue, c’est déchà en retard.

Comme ancien complémentaire, je suis largué à l’évocation des obusiers, divisions blindées et autres souvenirs partagés dans le minibus par Philippe et David. 

Notre guide Leyla est une ressortissante de Chiraz, connue pour sa faculté de médecine, ses jardins, et l’indolence de ses habitants selon l’anecdote qu’elle nous confie:
-    Quand je dis que je fais de la montagne, mon interlocuteur est toujours perplexe.
     « Mais vous êtes de Chiraz ?! » me dit-il.
Il ne comprend pas que je choisisse de marcher plutôt que de me reposer.

Cette petite femme énergique et passionnée voudrait nous faire découvrir un maximum d’endroits dans sa ville. Nous sommes ses premiers clients après deux ans de Covid.

-    Il n’y a qu’à Chiraz qu’on peut voir des mosquées recouvertes de céramique rose, nous explique-t-elle en anglais dans la mosquée Nasir-ol-Molk. Elle a été financée par une riche famille mécène. Vous verrez, à Ispahan, les mosquées sont très différentes, bleues et turquoises, avec des façades recouvertes de mosaïques. C’est bien plus long à construire que des catelles peintes, mais la couleur rose, c’est vraiment une particularité ici.


tempImageSYKizIRose ou bleu vu de chez nous, je comprends qu’on s’en fiche un peu, mais là-bas, c’est beau et harmonieux. Les jardins fleuris, les rossignols et le sourire des Iraniens offrent un saisissant contraste avec les guides suprêmes Khomeiny et Khamenei qui, depuis leurs affiches géantes, scrutent les passants de leur regard sévère. 

À quelques pas du bazar jouxtant la mosquée, on s’enfile dans un dédale de ruelles étroites. Leyla actionne le heurtoir d’une porte cochère : le heurtoir de droite est réservé aux femmes, celui de gauche aux hommes. Ainsi, une femme sait si elle doit se voiler pour aller ouvrir ou si elle peut rester tête nue. En l’occurrence, un homme vient nous accueillir, nous souhaite la bienvenue et nous invite à le suivre dans un escalier qui s’enfonce jusqu’à une cour intérieure.

À l’ombre d’un pin et d’un ficus est dressée la table de notre premier repas iranien. La température est ici bien loin des quarante-cinq degrés ressentis sur les places au soleil. Rapidement la nappe se couvre de plats traditionnels : salade de concombres, carottes et tomates, yoghourt fermenté comme boisson, riz au safran, riz sucré, poulet aux pruneaux, brochette de mouton. Des senteurs de coriandre, safran, poivre, prunes titillent nos narines. La famille propriétaire de la maison tient un restaurant clandestin toléré par les autorités qui s’y retrouvent à travers une taxation clandestine tolérée par leurs supérieurs qui en bénéficient à leur tour. Nos hôtes sont aux petits soins. Ils ont dû croire que l’on n’avait pas mangé depuis trois semaines car, quand on a terminé, on remarque à peine que les plats ont été entamés.

 

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