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7 juillet 2022

Chroniques persanes IX : Deux Irans

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À une question sur la fréquentation des mosquées, Leyla nous répond que les jeunes ne prient pas. Aux antipodes du culte de Khomeiny et Khamenei dominant la foule depuis leurs affiches, la place de l’imam, dans les mosquées, est plus basse que celle des fidèles. En signe d’humilité, sous le poids de ses connaissances, tel un arbre chargé de fruits, l’imam se courbe vers la terre. 

tempImagezCOFYHDu temps du Chah, on priait dedans et l’on buvait dehors. Après la révolution, c’est devenu l’inverse. Les femmes portent le foulard en public, mais peu sont pratiquantes parmi la nouvelle génération.

-    À Qom, c’est un peu différent, c’est plus traditionnel, nous dit Leyla, mais on ne s’y rendra pas.

 Leyla se maquille, eyeliner et rouge à lèvres. Son foulard glisse plus souvent qu’à son tour sur ses épaules. Comme tous les jeunes Iraniens, elle utilise un VPN pour contourner le blocage des sites occidentaux. Ils se loguent sur des adresses fictives à New York ou ailleurs et accèdent aux sites .com bloqués par leur gouvernement.

Les anciens bains publics transformés en musée débouchent sur le grand bazar de Chiraz. On suit une allée interminable de tissus, de draperies, de foulards colorés ou pastels. D’autres allées laissent entrevoir des stands de casseroles, poteries, bocaux, puis de pierres précieuses ou vendues comme telles et de bijoux. On prend une bifurcation et on se retrouve dans un monde de senteurs au milieu des étals de thé, safran, eau de rose, coriandre, poivre, noix de cajou, dattes, abricots ou figues séchés. Pour huit millions, une aubaine, quelques-unes, sous la direction de
tempImageoqOvSlLeyla, achètent des sachets de safran. Je repars le long d’une allée latérale… et je me perds. Je tourne en rond et, oasis au milieu du bazar et je débouche sur un providentiel café qu’Allah a mis sur mon passage. J’y aperçois Philippe déjà attablé devant une bière sans alcool lui tenant lieu d’apéritif. Je préfère m’installer plus bas sur un des canapés aux accueillants coussins entourant un bassin. Devant un thé parfumé, dans cette atmosphère de caravansérail, je poursuis l’écriture de mes chroniques persanes. 

Une jeune femme s’arrête devant moi. 

-    Puis-je m’asseoir avec vous ? me demande-t-elle. J’adore parler avec les étrangers. 

Elle me dit être guide touristique et se nommer Nooshin. Son foulard couvre à peine la moitié de sa longue chevelure noire.

-    Ça veut dire miel sucré, m’explique-t-elle. C’est ce qu’on dit avant de boire du vin, ça veut dire santé.

-    Vous buvez du vin en Iran ?

Elle me regarde de ses yeux verts comme si je débarquais de Mars.

-    Bien sûr, et on fait des fêtes. Il faudra venir à notre fête à Yazd après-demain, me dit-elle.

Elle me demande mon numéro de téléphone et me donne le sien.

tempImageNqFxKwJe m’étonne intérieurement de ces confidences dans un lieu public alors que les murs ont des oreilles. Les règles codifiées, normées, décrétées par le pouvoir, coexistent avec une vie officieuse connue de tous. Que ce soit en Chine, en Russie, à Cuba ou ailleurs, je n’avais jamais rencontré une telle absence de précautions dans la transgression des règles.

 

 

 

 

 

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